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Mon père, mon héros!


Depuis ma tendre enfance j’entendais les commentaires de mon père au sujet des personnes homosexuelles, ceux-ci manquant pour la plupart d’un peu de délicatesse ou de tolérance, pour d’autres allant encore bien plus loin… La phrase qui m’a sans aucun doute le plus marquée fut: “Si j’avais été homosexuel, je me serais suicidé”. Cette phrase qui retentissait comme un gong dans mes oreilles, cette phrase dont je n’arrivais plus à me défaire. À cette époque, il m’était déjà clair, qu’un jour je devrai affronter cette opinion-là, révélant à mon père que, moi aussi, sa fille, je faisais partie de cette communauté qui n’était apparemment pas digne d’exister… J’étais alors persuadée que, pour lui, cela allait être une déception, que j’allais moi-même être une déception. Chaque seconde durant laquelle je pensais à ce moment fatidique des films et scénarii catastrophes défilaient à vive allure dans ma tête. Je n’avais absolument pas la moindre idée de l’ampleur que les choses allaient prendre. J’attendais que vienne le bon moment, me doutant bien que celui-ci n’existait pas… et puis un jour, j’écrivais à une femme et nous décidions, après quelques échanges, de nous rencontrer. Au fond de moi, je sentais que c’était ELLE. Je décidais alors d’exposer ma différence à mon père avant cette rencontre, afin de pouvoir y avancer plus sereinement. Je ne me suis sans doute jamais sentie si nauséeuse que ce matin-là, entrant dans la maison de mes parents et m’apprêtant à annoncer à mon père que j’aimais les femmes, n’obtenant pour seule et unique réponse qu'un “pourquoi ?”, suivi d’un long silence pesant. Je quittais la maison, ne sachant que penser de sa réaction, dans l’ignorance la plus complète quant à l’évolution de cette situation. Quelques minutes plus tard, mon téléphone sonnait, un message de mon père s’affichant sur l’écran... Mon cœur battant à un rythme effréné, j’ouvrais ce dernier: mon père me prévenait qu’il aurait besoin de beaucoup de temps pour assimiler la nouvelle, mais que je ne devais en aucun cas oublier que ce qu’il souhaitait le plus au monde était mon bonheur. Une vague de soulagement m’envahit à cet instant. Le silence était brisé, il m’avait entendue et voulait réussir à accepter cette annonce.


Et puis, mon père, balayant de quatre coups de cuillère à pot ses préjugés, se mit à m’accepter moi, telle que je suis, avec ma différence. Il ne lui aura pas fallu plus d’une semaine pour accepter de rencontrer la femme qui valait la peine d’oser affronter son regard et de cesser de se cacher. S’il y a bien une chose dont je n’ai jamais douté, c’est de l’amour de mon père. Mais jamais, ô grand jamais, je ne me serais attendu à une évolution si positive en si peu de temps. Près de trois ans plus tard, je pense pouvoir dire sans me tromper qu’il a bel et bien entièrement accepté la situation, même s’il reste très discret sur le sujet. Il me suffit de regarder son regard empli d’amour quand il joue avec notre petit prince pour balayer tous les doutes qui pourraient encore subsister.


Parce l’Amour peut faire tomber toutes les barrières…

À toi, papa, parce qu’il n’y a pas de plus belle preuve d’amour et parce que tu n’imagines pas à quel point je suis fière de toi..

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